samedi 19 septembre 2009
Je viens de quitter la maison et je roule sous un ciel brumeux. Météo France a annoncé un samedi de pluie, je me suis donc préparé à une sortie sans un rayon de soleil. Arrivé au local, Didier nous informe de la destination du jour : La Marne, un cargo de 114m pris pour cible par le U-61 le 28 juin 1917 alors qu'il naviguait vers Bordeaux où il allait livrer sa cargaison de charbon.
Ce soir là, vers 22h une torpille l'a atteint au niveau de la machine et il se met à gîter fortement. Un chauffeur est mort lors de l'impact. La mer étant particulièrement mauvaise, l'évacuation se déroulera dans de très mauvaises conditions. 9 autres marins périront noyés après que les canots de sauvetage se soient retournés. Les 38 survivants seront récupérés par le patrouilleur Sauterelle tandis que La Marne fini de s'enfoncer par l'avant. Il avait été lancé le 23 juin de la même année soit seulement 5 jours auparavant.
C'est par mer calme mais dans une légère brume que nous allons retrouver La Marne. Nous passons près de l'île du Pilier en la distinguant à peine. Je trouve que la brume est propice à raconter des histoires de monstres marins. C'est un brin amusé que je branche Catherine et Frédérique sur les calamars géants. Olivier argumente en parlant de spécimens pouvant atteindre 30 mètres de diamètre. "Imaginez le jour où de tels animaux viendront se promener en bord de côtes ou même chasser sur les épaves. Au détour d'une tôle un tentacule qui vous attrape et vous enserre..." Frédérique ne veut pas en entendre plus et se bouche les oreilles. Nous ne tardons pas à arriver sur le point, j'y jette l'ancre. Didier qui avait commencé le briefing à Portmain le termine maintenant avec les consignes de sécurité puis s'équipe pour descendre en 1 avec Catherine et Frédérique. Les filles, faites gaffe aux calamars ! Dominique et moi nous préparons tranquillement. Francis, MF1 de son état, accompagnera Philippe et Olivier en 2.
La palanquée du DP est sous l'eau depuis environ 25 minutes, nous sommes équipés, bascule arrière, nous nous retrouvons au mouillage pour descendre, direction les 25m. Nous atterrissons au niveau de la machine et croisons Didier et ses plongeuses. la visi est top, l'eau est bleue, c'est extra ! Nous passons une bonne partie de la plongée autour de la machine et des chaudières. Une d'elle est ouverte et offre sa tubulure. On y distingue une ouverture de l'autre coté. Sur l'autre, couchée, trônent des raccords de tuyauteries ou des soupapes. De l'autre coté apparaissent de petites gorgones. Les tacauds sont de bonne taille et en grand nombre... comme les congres. Ca doit chasser dur la nuit dans le secteur. Quelques lieux jaunes se baladent légèrement au dessus de nous. Sur l'arrière de la machine une belle poutre, dressée dans le bleu, nous indique la direction que nous devrons prendre plus tard.
Nous repartons à contre courant vers l'avant de la machine puis de l'épave où de grosses pièces attirent le regard. Ce sont des bites d'amarrage et de gros treuils. Appuyée contre l'un d'eux, une belle ancre au bout de laquelle est présente une grosse manille. Mon ordinateur indique que nous sortons de la courbe de sécurité, les minutes de palier vont commencer à grimper. Encore quelques coups de palmes autour des treuils puis retour vers la machine, le mouillage est en vue. Dominique met le poing fermé contre sa tempe signe que nous devons remonter. Un dernier coup d'oeil à l'épave dont nous avons vu qu'une petite partie et nous prenons le chemin de la surface.
Cinq minutes de palier dans le jus et nous gagnons l'air libre. Frédérique qui n'a pas été attaquée par un calamar géant est finalement victime d'un vilain mal de mer. Ca n'a pas de tentacule mais c'est presque aussi cruel ! La palanquée MF1 ne tarde pas à émerger à son tour. Nous prenons la route du Pilier pour un pique-nique bien mérité sous le soleil radieux en attendant que la mer remonte un peu et nous permette d'accoster à la cale de Portmain. Je peux remettre mon ciré dans le coffre, il n'a pas servi. L'ordinateur de Météo France a encore utilisé un mauvais modèle de calcul.
La conclusion est comme bien souvent : c'était une chouette sortie !
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