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Galaxie, un chalutier désespérément naufragé

Publié par Pascal Collin sur 23 Octobre 2010, 14:22pm

Catégories : #Galaxie

Mardi 19 octobre 2010

Départ du port de Loctudy au lever du jour et sous un ciel chargé. A bord de l'Emwell, fier bateau de plongeurs de l'ASEB, nous sommes 7 à aller passer la journée aux Glénan. Une journée RTT plongée (ou grève plongée c'est selon) dans les eaux de ce superbe archipel recelant de nombreuses épaves.

Notre première étape est la jeune épave du Galaxie. Le 21 décembre 1998 le chalutier de 35 mètres de long talonne une roche près de l'île aux Moutons et s'en va sombrer par 20 mètres de fond au large de Beg Meil. Son armateur, espérant le sauver, fait venir une barge de Belgique afin de le renflouer. Début janvier 1999, profitant d'une accalmie de la météo hivernale, une tentative de sauvetage est menée. Le Galaxie, soulevé à l'aide de câbles d'acier remonte effectivement mais se présente couché sur tribord. C'est raté, il doit être ré-immergé. Un deuxième essai est lancé, il se solde par un nouvel échec. Pire, le chalutier est désormais trop abîmé pour rendre l'opération de sauvetage viable. Ordre est donc donné d'aller l'immerger, cette fois-ci pour toujours, près de l'épave du Pietro Orseolo, une de stars de l'archipel. Mais le Galaxie est une fois de plus décidé à contrarier les plans des hommes. Dérivant bien plus que prévu, le chalutier sombre bien loin de la position voulue et se pose à 45° sur tribord sur un fond de 30 mètres environ. C'était le jeudi 15 janvier 1999. Depuis, il fait la joie des plongeurs et surtout de la vie marine qui, dans une colonisation réussie, prend sa revanche sur le bateau de pêche !

Un peu plus de 12 ans plus tard, en compagnie de mon pote Ben, je m'apprête à rendre visite au Galaxie. Ca démarre fort... La mise à l'eau est plus que surprenante voire éprouvante... combinaison étanche grande ouverte ! Dans le genre "j'ai testé pour vous", voici une expérience à couper le souffle, au propre comme au figuré, dont je me serais volontiers passé. Un petit tour à bord de l'Emwell, les pieds en l'air (merci Pierre) histoire de vider tout ça et je re-bascule, fermé cette fois-ci, direction le fond de la mer.

C'est une épave en superbe état que nous découvrons. La première vision que nous avons du Galaxie est son bâbord avant flanqué de son immatriculation. Nous passons par-dessus le bastingage pour explorer le coté pont. Les panneaux de cales, ouverts, sont tentants. Les deux premiers donnant sur des voies sans issues permettent néanmoins de se familiariser avec l'ambiance capharnaüm et "congresque" de l'intérieur du chalutier. Une descente dans la troisième ouverture de forme carrée et là, le faisceau du phare ne distingue pas le fond. Une traversée lente et prudente du pont inférieur permet d'admirer les treuils, tuyaux, nappes de câbles, restes de filets et divers éléments modernes (une fois n'est pas coutume) tel un haut-parleur. Certains de ces éléments sont encore en place, d'autres commencent à s'effondrer. Dans cet espace clos, ce sont autant de pièges à plongeur.

De retour à l'extérieur, nous continuons doucement vers l'arrière en longeant le bordé tribord. Notre route croise un des câbles qui servit à renflouer le bateau. Il a été abandonné en même temps que celui qu'il n'a pas réussi à sauver. La cabine nous fait face. Sur le dessus, trône encore le mat. A l'intérieur, détail qui fait un des charmes d'une épave récente, le siège du pilote est encore à poste ! Je me retourne et une masse sombre se dresse devant moi : le portique. A 45° lui aussi, il possède encore ses enrouleurs avec des restes de chalut. Une foule de petits tacauds ceinture la partie basse du portique, se jouant des mailles de chalut. Un peu à l'écart, quelques gros lieus tournent autour du banc compact.

Ben se laisse descendre vers le fond, je le suis et nous arrivons au gouvernail orienté pour un cap à bâbord toute. Le Galaxie ne le suivra pourtant plus jamais. L'hélice bâbord, dans sa cage est déjà à demie ensablée. Celle de tribord n'est plus visible. Nous remontons le long du bordé et retrouvons le bastingage, lui aussi en voie de colonisation. Le chemin du retour à nous promener au dessus du pont et c'est la remontée vers la grisaille. Une fois à la surface, surprise : l'Emwell a été rejoint par le Santa-Maria un bateau de pirates pêcheurs à la ligne. C'était donc ça le bruit de moteur... Une fois Alex et Pierre remontés nous laissons le champ libre aux cannes à pêche (qui n'avaient de toute façon pas attendu !) puis nous filons déjeuner, à l'abri de l'île de Penfret. La journée n'est pas terminée... 

265C275CL'immatriculation est encore clairement lisible
277C282C294CDans les entrailles du Galaxie...
...où le capharnaüm et la vie s'installent
285C288CL'intérieur, particulièrement sombre, recèle de nombreux pièges à plongeur.
Méfiance...
289C307C309C312CA l'extérieur on aperçoit des flotteurs de pêche
290CUn des câbles qui servirent aux tentatives de renflouements
315C320CLa cabine
318C323C326C330CLe portique
331CExplosion de vie là où le chalut était remonté
332C334C341CLes tacauds narguent les restes de chalut
342C349C352C362CLes alcyons poussent sur la quille de roulis bâbord
364CLa vie s'installe sur les bastingages
369C372CUne déchirure causée lors des tentatives de renflouement
380C381C385 NBCA la remontée, surprise : un bateau de pêcheurs à la ligne est arrivé...
386C

Commenter cet article

F
<br /> C'est gentil de la part des pêcheurs de couler de nouvelles épaves ; en Roussillon, il faudrait entretenir le stock d'épaves, mais les chaluts et les filets les abiment... Le château du Bananier<br /> vient de s'effondrer, à cause de la dernière tempête ou plus probablement d'un chalut...<br /> L'étanche ouverte, j'ai aussi testé, en plongée du bord ; une fraîcheur dans le dos m'a vite rappelé à la réalité ! Heureusement la mer était calme et je n'ai "embarqué" que quelques gouttes. Le<br /> principal, c'est de faire rigoler les autres plongeurs ;-)<br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Salut François,<br /> <br /> <br /> Lorsque j'étais dans l'eau la combi ouverte mes amis ont eu pitié de moi. Par contre, une fois sur le bateau, les jambes en l'air... là c'est vrai qu'ils ont effectivement bien rit !<br /> <br /> <br /> <br />