Vendredi 6 juin 1924
L'Ile d'Ouessant, navire à passager de 24 mètres de long, a quitté Brest en début de matinée. Il a fait une courte escale au Conquet puis à Molène et fait maintenant route vers l'île qui lui a donné son nom. Alors que le petit vapeur est en approche du phare de La Jument et que le temps est pourtant navigable, une lame sournoise l'emporte et le jette sur la roche Pouilloudoun. Sa coque en bois ne résiste pas au contact et l'Ile d'Ouessant prend rapidement l'eau à grand flots. Son commandant, le Capitaine Nizou, donne l'ordre d'évacuer et fait hurler la sirène pour signaler la détresse de son navire. Sans tarder, l'Eugène Potron, le vapeur des phares et Balises arrive sur le lieu du naufrage et prend les canots de sauvetage en remorque pour les mener à la cote toute proche. Les 40 passagers et les 7 membres d'équipage s'en sortent tous... ainsi qu'une vache, libérée de ses entraves par un marin au grand cœur et qui rejoindra le rivage à la nage.
Dérivant seul encore quelques centaines de mètres, l'Ile d'Ouessant fini par être totalement envahi par la mer. Il tire sa révérence d'un dernier nuage de fumée et s'en va rejoindre le sable blanc de la baie de Lampaul. Là, 45 mètres sous la surface de l'eau, l'attend sa nouvelle vie d'épave pleine de charme.
Samedi 11 juin 2011
87 ans et 5 jours plus tard, la baie de Lampaul est inondée de soleil et la mer est calme. Nous serons 6 plongeurs à aller saluer l'Ile d'Ouessant. Bascule arrière dans l'eau bleue et c'est la descente vers ce qu'il reste du navire à passagers. 45 mètres plus bas, posé sur un beau sable blanc, il est là, du moins les pièces mécaniques. Bien sûr la coque en bois a disparu mais l'âme du vieux vapeur est intacte. Nous commençons la visite par le treuil situé à l'avant. Un peu plus loin, une masse arrondie ne trompe pas, c'est l'unique chaudière. Juste derrière, une petite double expansion, légèrement inclinée sur tribord, est dans un état impeccable. On peut même y voir un robinet qui ne demanderait presque qu'à être tourné. En ligne, l'arbre d'hélice et au bout, encore à poste, une petite quadripale à demie ensablée. Comme le treuil, celle-ci semble avoir attiré quelques chaluts. Plus sur l'arrière, une antique ancre à jas est posée, un peu éloignée du reste de l'épave.
Nous faisons demi-tour et parcourons les restes du vapeur coté tribord. Le seul local rescapé est posé près de la machine... ce sont les WC, encore parfaitement carrelés ! Mais les chiffres sur les ordinateurs ont maintenant pas mal tourné, c'est l'heure d'attaquer la remontée pour une belle séance de décompression au milieu des salpes. Un dernier coup d'oeil à L'île d'Ouessant version épave, mon coup de coeur de ce début de saison...
Pour en savoir plus sur l'histoire du vapeur : le blog de Jean-Pierre Clochon où j'ai découvert l'histoire de l'Ile d'Ouessant. Merci à lui de partager ces excellentes infos !
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Marie LC 19/06/2011 11:43
Farah McQueen 18/06/2011 12:10
Danielle B. 18/06/2011 09:11
Véronique 17/06/2011 21:23
Gérard 17/06/2011 12:23