Samedi 24 septembre 2011
Le dragueur de mines M263 faisait partie du même convoi que l'Hoheweg que nous avions plongé début août. D'ailleurs, il était le plan A de cette journée d'été mais un mauvais point nous avait contraint à un (finalement très beau) plan B sur câblier. En ce samedi d'automne ensoleillé, l'écho sonar ne laisse aucune place au moindre doute, la masse d'acier chargée d'histoire est bien là. Hop, le grappin par dessus bord, les bouteilles sur le dos, à nous le dragueur lourd !
Dès les premiers mètres, une fine particule vient troubler la vue et se densifie au fil de la descente. Certes, on ne s'attendait pas à 30m de visibilité mais ce qui nous attend au fond est la mauvaise surprise du jour. Nous découvrons la tôle une fois le nez dessus. Quasiment pas un brin de lumière n'arrive jusqu'à nous. C'est le noir avec 3m de visi ! Quelques larmes coulent sur la vitre intérieure du masque, les yeux tentent de s'habituer et l'explo démarre le long de ce qui est sûrement le bordé de fond. Tout en reconnectant les neurones (pour moi, profondeur + noir = narcose), je suis mon binôme de près. Sujet du Roi Baudoin et habitué à l'eau sombre de la mer du Nord, il semble plus qu'à son aise dans cette ambiance.
Les premières rencontres ne se font pas attendre. Comme je l'ai vu sur le site des Anges, le M263 est le temple des congres en pleine eau. Ils se promènent comme en pleine nuit. Aujourd'hui, rien d'étonnant... Nous basculons par-dessus le bordé pour longer le pont du dragueur. La tôle a fondu et à certains endroits les renforts se transforment en arches sous-marines. En m'y glissant, je fais face à un nid de queues bleues qui vont et viennent dans les tôles. Ils sont ici chez eux. Je leur cède volontiers la place pour reprendre mon chemin à l'extérieur, plus sûr dans cette ambiance nocturne.
Sur le fond c'est un capharnaüm de pièces d'armement autant naval que militaire. Câbles, pièces mécaniques, douilles d'obus (?), le fond en est jonché. Nous survolons un long cylindre qui ressemblerait à un arbre d'hélice mais d'après mon vague souvenir du dessin de l'épave et selon le peu de sens de l'orientation que le noir m'a laissé nous allons vers l'avant. D'ailleurs, le cylindre en question s'arrête et point d'hélice au bout. Evoluant dans une ambiance sombrissime à l'abri de la coque, nous arrivons au bout de l'épave où gisent quelques derniers débris.
Demi-tour pour aller survoler ce qui ressemble aux restes d'une étrave couchée. La fin du temps réglementaire approche et dans une telle eau, inutile d'aller chercher les minutes additionnelles grandes pourvoyeuses de palier à rallonge. Nous parcourons encore quelques mètres puis prenons un peu de hauteur. Nous perdons immédiatement la masse sombre de vue. Une longue remontée puis c'est la désaturation dans une eau chargée, même à 3 mètres. En surface nous attendent les mines encore enjouées de nos amis. Dans 20 bonnes minutes, après avoir eu connaissance de la triste vérité, elles le seront beaucoup moins !
Quelques photos nocturnes à main levée...
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