Mardi 28 juin 2011
La journée avait bien commencé. Une plongée dans les eaux du 29, un nouveau jouet pour la photo, l'épave du Philomel, en palanquée avec mon p'tit Ben et Pierre, un "tuyauteur" qui passe ses journées de travail à bricoler des pipelines par 60m de fond, même le soleil était de la partie. Certes, nous étions la seule palanquée de 3 et le Père Alex nous avait sorti le dicton "Palanquée de trois, palanquée de m...", et d'ajouter "Pas de chance ça tombe sur vous". Embrouilles annoncées ?
Un tour en zod plus tard nous étions au-dessus du Philomel, un cargo anglais de presque 100 mètres de long qui fut torpillé par l'UB88 le 16 septembre 1918. Le vapeur coula en moins de 15 minutes, laissant tout juste le temps aux marins de sa Majesté d'embarquer dans les canots. Le Philomel repose depuis par 40 mètres de fond à quelques milles des côtes du sud Finistère.
Bascule arrière et dès les premiers mètres, la particule vient gâcher le plaisir de la descente... puis de l'explo ! Nous voici donc condamnés à naviguer à courte vue au travers des restes du Philomel. Nous profitons tout de même (et de près !) des 3 chaudières qui jadis alimentaient une triple expansion qui, elle, semble avoir été remontée lors du ferraillage (?). On se perd, on se retrouve et on progresse tranquillement au travers des débris puis le long de l'arbre d'hélice. On nous a briefé, un morceau de poupe est encore debout. En suivant cette grosse ligne de vie on est sûr d'y arriver.
Quelques minutes d'explo plus tard, nous faisons effectivement face à un beau morceau. Nous tournons autour pour essayer d'en discerner les formes exactes et ce qu'elles exhibent. La poupe est inclinée à 45°, le safran appuyé sur le fond. La mèche de gouvernail pointe vers la surface et au bout trône le secteur de barre. Le moment de la remontée approche à grandes bulles, je décide de passer par dessus la tôle pour aller rejoindre mes équipiers dont je n'aperçois plus que quelques signaux lumineux.
Tiens, des bulles sortent de la poupe, ils sont en dessous. Je redescends pour les rejoindre mais non, personne ! Je tourne un peu sur moi-même, toujours rien, je m'apprête donc à entamer une remontée solitaire, ce qui n'est jamais très agréable. Un œil sur l'ordi... mince j'ai trop traîné seul dans mon coin le palier va être long. Un œil sur le mano... Mer., là c'est beaucoup moins drôle, je me suis déchiré sur la fin de plongée, ma réserve d'air ne va pas suffire !!!
Savoir qu'on va vers la panne d'air seul au palier, voilà qui n'est pas très réjouissant. Il y aurait même de quoi faire accélérer un peu le palpitant, ce qui n'arrange pas les choses. Tout en remontant, je déroule délicatement le parachute (c'est pas le moment qu'il m'échappe des mains !) et au palier à 6, c'est un des plus beau lâcher de ma carrière de plongeur ! Bien avant la fin du palier à 3, le bloc de secours me rejoint juste à temps et je termine la décompression en tête-à-tête avec mon ami de fin de plongée. Retour en surface et échange de regards rassurés avec Ben. La palanquée de 3 est reconstituée.
Seul au palier, c'était l'occas d'essayer l'autoportrait
Commenter cet article