Dimanche 10 juillet 2011
C'était la première plongée de la journée aux abords de la bouée SN1. Une journée pleine de promesses de belle visi, de belle tôle de fond, de faune exubérante... 15 mètres après la bascule arrière, l'inquiétude surgissait en même temps qu'une épaisse couche de particule marron. Les yeux avaient tout juste le temps de s'humidifier que l'eau redevenait claire, ouf !
Arrivée à l'extrême avant de l'épave. La proue, posée à l'envers, nous fait face. Elle qui jadis fendait les vagues semble dorénavant affronter le sable qui la menace de recouvrement. Nous parcourons tranquillement ce morceau dépave qui mesure à peine 15 mètres et termine sa course en plongeant dans le sable. Rien d'autre en vue. Un congre qui chasse est certes un spectacle intéressant mais nous sommes là pour voir un peu plus que cela. Alignés dans l'axe navire, nous nous élançons dans l'inconnu en quête de la partie arrière. Prenant quelques mètres d'avance sur Lydie, ma binôme du jour, j'aperçois une ombre d'épave puis de la tôle. C'est alors qu'une silhouette particulière vient vers moi à belle vitesse, décrit une courbe serrée devant mes yeux puis s'éloigne aussi vite qu'elle était venue tout en battant furieusement des nageoires pectorales et caudale. Un mola-mola !
Pensant "Si on ne le revoit pas, on ne va jamais me croire !!!", j'attends ma binôme et nous continuons la balade sur les restes de l'arrière en prenant de la hauteur. SN1 D, épave de cargo, est posée à l'envers. Son bordé de fond est en meilleur état que ce que nous avons l'habitude de croiser dans le secteur. Il masque presque entièrement l'intérieur de l'épave. Si les déchirures dans la tôle laissent apparaître les chaudières, la machine reste invisible. Mais le constat principal qui prévaut ici est l'ensablement général. Une partie entière de l'épave est sûrement cachée sous le sable ! Le site a des allures de film post-apocalyptique, il est en plus hanté par un poisson lune !
Nous descendons au plus bas pour jeter un œil à l'intérieur des cales. Ici aussi le sable blanc a pris place. Par endroit la voûte s'élève quelque peu mais l'espace est tout de même trop juste pour y pénétrer entièrement sans danger... Nous continuons le chemin vers l'arrière et éclairons un ballast. Nos faisceaux de lampes sont accueillis par un homard musclé qui nous tourne le dos et s'en va se cacher plus loin dans son antre. Je lève les yeux et que vois-je ? Mon apparition de tout à l'heure ! Cette fois-ci je ne suis pas le seul à l'admirer. Armé d'un grand angle, impossible d'en sortir une photo correcte. Le poisson lune passera le reste de la plongée à venir nous saluer furtivement puis s'éloigner avant de revenir à nouveau.
C'est l'arrivée sur l'extrême arrière. La quadripale a souffert, le gouvernail a disparu. Ensablé lui aussi ? Je me pose à genoux sur le sable et je profite d'un de mes spectacles favoris : une poupe inclinée, avec son hélice à demi sertie dans sa cage et quelques tacauds pour parfaire le tableau. Dans de telles occasions j'ai le sentiment d'admirer une œuvre d'art ancienne dans un musée (presque) inaccessible... mais la contemplation ne peut malheureusement s'éterniser, il faut s'en aller, les heures de visites sont toujours trop courtes !
Nous commençons à remonter et le mola nous approche une dernière fois comme pour nous saluer. A 20 mètres, la couche marron est toujours là, 5 mètres plus haut nous retrouvons le bleu pour l'inévitable séance de décompression, épilogue d'une étonnante plongée.
D'autres photos dans l'album
SN1D
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