Mardi 16 août 2011
RTT plongée avec l'ASEB, un club bien connu du Finistère Sud comptant de nombreux adeptes de la tôle de fond et du bonnet en laine (de marque !). La destination du jour : les Glénan versant Est. Là, nombre de navires ont fini leur carrières de façon plus ou moins glorieuse. L'épave de la matinée est celle du Dionouar dont l’histoire, si elle n'est pas aussi épique que celle d'un navire de combat, possède toutefois une anecdote originale qui me convainc un peu plus que tout navire possède une âme.
Thonier des années 70, le Dionouar mène campagnes de pêche à la canne au large de l'Afrique jusqu'au début des années 80 où il est désarmé. Abandonné de tous, il pourri durant de longues années au fond du port de Concarneau, n'intéressant sans doute plus que quelques photographes amateurs de clichés nostalgiques. En 1984, la Gendarmerie Maritime décide de son sort, ce sera l'immersion volontaire. En attendant son dernier voyage il subit un nouvel outrage des humains en se voyant déposséder de ses derniers objets de valeur comme par exemple son hélice (sacrilège !). En inégal échange, des artificiers posent des charges explosives dans ses cales qui avaient autrefois connu l'effervescence de la pêche au thon.
Remorqué au large des Glénan pour y être coulé, le Dionouar n'a pourtant pas dit son dernier mot. Arrivé à destination, l'ordre est donné de faire exploser les charges mais seule une d'entre elle obéit. Les autres, peut-être prises de pitié pour le malheureux navire, refusent de percer sa vieille coque en bois. Le thonier tient sa vengeance ! La menace d'explosion des charges rebelles interdit toute remontée à bord. Les gendarmes, désarmés face au navire qui refuse de sombrer, n'ont d'autre choix que d'appeler la marine nationale à la rescousse. Narguant les forces de l'ordre, le vieux bateau de pêche dérive tranquillement vers son port d'attache, attendant patiemment sa dernière heure.
Une frégate arrive finalement sur zone et c'est au son du canon et sous les yeux de nombreux pompons rouges que le Dionouar accepte de tirer sa révérence. Troué d'obus, envahi par l'eau de mer, il s'incline et prend la direction du sable blanc 45 mètres sous les flots. Sûrement sans regret, il abandonne le monde des hommes et entame une nouvelle existence au milieu de la vie marine finalement plus amicale.
Depuis cette aventure l’épave du Thonier à bien vécu. La coque en bois a quasiment disparu, seules quelques planches éparses reposent sur le beau sable du pays Bigouden. A croire que le bois, rongé par la mer, a servi d’obole pour effacer son passé de pêcheur. La machine, composée d’un vieux moteur diesel et d’un groupe électrogène, est le point le plus haut du site. La ligne d’arbre forme la colonne vertébrale de l’ensemble. Tout le long, le fond est jonché de restes et débris plus ou moins reconnaissables. Tuyaux, clarinettes, serpentins, vannes, pièces mécaniques… les yeux du plongeur ont beaucoup de travail. A l’arrière, la ligne d’arbre se termine par un simple moyeu… dommage que l’hélice soit manquante.
Si la structure navale du Dionouar a fondu, son passé de navire de pêche est encore visible. Des chambres froides bien conservées jalonnent la plongée, certaines posées légèrement à l’écart de l’épave. D’autres « frigos », éclatés, étalent ça et là leurs morceaux. Une autre structure plus cubique repose également sur le sable légèrement éloignée. Il s’agit sans doute d’un réservoir de carburant.
L’épave, peu volumineuse, est pourtant étalée sur un large périmètre. Hormis sur la partie centrale, lorsque la visi est faible, l’orientation ne doit pas être aisée. Ce mardi, en compagnie de Joël et Thierry, deux ferrailleurs de la place de Quimper, point de problème d’orientation. Nous avions 25 mètres de visibilité et une eau d’un fort joli bleu comme je n’avais pas encore eu cette saison. A croire que cette matinée là, le Dionouar était d’humeur à nous laisser observer les trésors qui ne lui avaient pas été dérobés 27 ans plus tôt !
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Dionouar
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