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Blaamanden, ambiance de jade sur le vapeur norvégien

Publié par Pascal Collin sur 23 Juillet 2014, 14:00pm

14 mars 1917

Le Blaamanden, un cargo norvégien de 65 mètres de long remonte d'Espagne chargé de minerai de fer qu'il doit livrer à Nantes. A quelques milles seulement d'entrer en Loire, il passe ce matin de mars 1917 près de l'île du Pilier. Le convoi dont il fait partie a été dispersé par le mauvais temps et le navire est seul... Enfin presque car à quelques encablures, le sous-marin allemand UC-21 vient de faire surface. Dans le kiosque, son commandant, l'Oberleutnant Reinhold Saltzwedel, un as de la guerre sous-marine, a repéré la fumée du cargo esseulé. Malgré la présence d'une batterie côtière sur l'ile du Pilier, l'officier de la Marine Impériale n'a pas l'intention de laisser filer une aussi belle proie.

Restant hors de portée des défenses françaises, le sous-marin fait parler son canon. La batterie du Pilier tente de riposter, en vain. L'équipage norvégien sait que les dés sont jetés. Les marins mettent les baleinières à la mer, embarquent et, fuyant une pluie d'obus, rament vers le Pilier. Il faudra 14 projectiles au sous-marin pour venir à bout du cargo qui, montrant de la résistance, sombre doucement. Puis, comme pour narguer les artilleurs français, Saltzwedel donne l'ordre d'envoyer quelques obus dans leur direction sans toutefois les atteindre. Tenant sa nouvelle victoire, le commandant Allemand n'insiste pas et l'UC-21 prend rapidement la direction du large.

L'attaque est terminée. Tandis que ses marins approchent de la terre ferme, le Blaamanden, troué d'obus et envahi par la mer disparaît sous les flots. Il s'en va rejoindre le fond 25 mètres plus bas où il se pose doucement, son bordé tribord embrassant le sable et quelques roches. Comme beaucoup d'autres navires en cette même année 1917, l'estuaire de la Loire sera sa dernière demeure.

Retrouvez un historique plus détaillé dans "Naufrages dans l'estuaire de la Loire" d'Alain Foulonneau et André Meignen.


Dimanche 20 juillet 2014

Peu éloigné des côtes et affichant à peine 25 mètres de profondeur, le Blaamanden accuse bien sûr son siècle d'immersion. Comme toutes les autres épaves de la grande guerre, la corrosion et les tempêtes hivernales ont depuis longtemps eu raison de ses structures. Le navire s'est affaissé sur lui-même. L'épave du Blaamanden (le "Blaam'" pour les intimes) a tout de même beaucoup à offrir aux plongeurs qui descendent lui rendre visite.

L'étrave qui autrefois fendait la houle est aujourd'hui couchée sur le sable et les tacauds dansent devant elle. C'est une très belle vision qui mérite que l'on se pose quelques secondes pour en profiter. L'ancre bâbord encore dans son écubier est bien visible. Sa jumelle est cachée sous les ferrailles entrelacées. Le guindeau est lui aussi parfaitement reconnaissable, il émerge des restes de la proue.

Ce qui caractérise l'épave du Blaamanden, ce sont ces grands pans de tôles qui recouvrent une partie du site. Ce sont les restes du bordé bâbord qui résistent au temps. S'ils masquent une partie des détails du navire, ils autorisent néanmoins à fureter sous les tôles à la recherche du passé du cargo. Les lampes n'ont de cesse de croiser les yeux bleus des congres, les pinces de crustacés et d'autres représentant de la vie marine devenus les propriétaires des lieux.

Une grosse chaudière indique le mi-parcours. A la poupe, l'arbre d'hélice mène vers l'étambot. De l'autre côté de la tôle, la quadripale est toujours à poste mais ses pâles ont été sectionnées. Vaincu par la mer, le safran est tombé et n'imprime plus aucun cap. Non loin, l'hélice de secours en parfait état gît elle aussi sur le fond. Ce dernier est ici recouvert de cailloux, c'est la cargaison du Blaamanden qui ne sera jamais livrée.

Comme pour ses contemporains, plonger le Blaamanden permer d'effleurer une page de l'histoire de la grande guerre qui se joua non loin de la Côte de Jade. Ce 20 juillet, malgré (ou grâce ?) à un ciel très chargé, c'est justement une ambiance bleu / vert qui régnait sur l'épave, offrant de belles couleurs et une visibilité propices à la photo d'ambiance. Une très très belle plongée.

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  Plus de photos dans l'abum...
Blaamanden T9720

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B
Toujours un bonheur de suivre vos plongées par photos interposées.<br /> Bravo.
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R
Je repassais sur ces photos et en lisant à nouveau tes explications, je me rends compte que visiblement tous les marins s'en sont sortis...<br /> Cet impitoyable commandant de sous-marin les a épargnés...<br /> Une once d'humanité dans un strict uniforme allemand ?
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P
<br /> <br /> Bonjour Roger. Je vois que je n'ai pas passé du temps à écrire pour rien. :-) Oui, d'après les témoignages des rescapés capturés puis relâchés, Reinhold Saltwedel était un officier très aimable.<br /> Nous lui devont un grand nombre d'épaves dans le secteur. Le cours de la guerre en 1917 a fait que de nombreux navires ont par la suite été coulé à la torpille, faisant un grand nombre de<br /> victimes.<br /> <br /> <br /> <br />
F
Encore de jolis fonds avec quelques très jolis poissons. Belles prises sous-marines
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M
Comme d habitude un régal avec toutes ces photos et tes commentaires, merci pour ton partage !
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F
Une page sombre de notre histoire .. heureusement ils ont épargné les vies , c'est déjà ça !<br /> Les poissons ont trouvé leur habitat et les araignées aussi, c'est hyper clair à 25m<br /> bonne journée
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