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Lesto, de la quadripale meurtrie aux écubiers renversés

Publié par Pascal Collin sur 26 Août 2012, 21:00pm

Catégories : #Ambiance

Mercredi 23 mai 1917

Au petit matin de ce 23 mai, un convoi de 5 navires et leur escorte croise au large de l'estuaire de la Loire. Parmi eux, le Lesto, un cargo à vapeur remontant du minerai de fer depuis Bilbao jusque Liverpool. La guerre ne le laissera malheureusement pas accomplir sa mission. Tandis que le soleil peine à percer les nuages, à tribord un sillage caractéristique filant droit vers la coque du steamer est repéré par 2 de ses marins. C'est une torpille et il est trop tard pour toute manœuvre !

L'explosion secoue le navire et déchire sa coque provoquant une voie d'eau irrémédiable. L'ordre d'évacuation est aussitôt donné. Alors que l'équipage embarque dans les canots, la chaudière bâbord explose, précipitant davantage le naufrage. Les canots encore amarrés au cargo chavirent, jetant les marins à la mer.

Envahi par les flots, le vapeur sombre en quelques secondes emportant avec lui 4 de ses marins dont un mécanicien tué par l'explosion de la torpille. Allant se poser sur un fond de sable et de roches à une trentaine de mètres sous la surface, le Lesto s'ajoute à la longue liste des victoires de l'UC21 commandé par Reinhold Saltzwedel, un as de la guerre sous-marine.

Retrouvez l'histoire plus détaillée du Lesto dans l'excellent "Naufrages dans l'estuaire de la Loire" d'Alain Foulonneau et André Meignen.


Samedi 11 août 2012

Près d'un siècle après ce tragique fait de guerre nous rendons visite au Lesto maintenant voisin de la bouée SN2. Son épave est un des nombreux souvenirs de la guerre sous-marine que l'Allemagne livra aux alliés durant la première guerre mondiale. Comme ses contemporaines du secteur, elle a souffert du temps et parfois des ferrailleurs. Néanmoins c'est toujours un énorme plaisir de visiter ces témoins d'une autre époque et surtout d'une autre Europe.

Nous démarrons de la machine qui, en équilibre sur quelques bielles tordues semble défier la gravité et le temps qui passe, ce qui n'empêche pas d'intrépides plongeurs de passer en dessous. C'est ma première visite mais je le sais, le Lesto possède une belle hélice. Désirant l'immortaliser j'imprime à mes 2 compères la direction toute tracée par la ligne d'arbre en partie protégée par son carter. Longeant cette belle ligne de vie, nous survolons les restes de la cale arrière, du moins d'une petite partie de sa cargaison. Le fond semble fait de cailloux mais non, c'est bien du minerai de fer. Il recouvre entièrement le bordé de fond.

Rapidement l'hélice se dessine dans le décor. Accompagnée d'une partie de l'étambot, elle est inclinée sur tribord. Bien que meurtrie, la quadripale est une belle pièce à ne pas rater pour qui visite le Lesto. Nous lui tournons autour quelques instant puis reprenons le chemin de la zone machine, longeant cette fois-ci le bordé bâbord. La triple expansion nous fait à nouveau face, derrière elle se dressent les chaudières renversées, l'exploration de la moitié avant du navire va commencer...

...Slalomer entre les chaudières et braquer le faisceau dans les entrailles de celle de bâbord qui, en explosant précipita le naufrage et c'est une petite remontée dans le temps. Le 23 mai 1917, tout cet acier quittait la surface en guerre pour le fond de l'eau et le statut d'épave qu'il a toujours aujourd'hui.

En prenant la direction de la zone avant, le visiteur a rapidement l'impression d'un désert de roches. Comme à l'arrière, c'est du minerai de fer. A l'avant cela est trompeur tellement le reste de cargaison est important. En passant sur un des bordés, la vision est révélatrice. L'arrondi de (bonne) tôle rivetée s'évertue à retenir les blocs de minerai. Rongée par le sel et le poids des ans, nul doute qu'une prochaine tempête aura raison des rivets centenaires.

La cale avant passée, ce sont à nouveau des treuils à vapeur qui font face. L'un d'entre eux est encore traversé par une chaîne et, au détour d'une poupée, apparaît une ancre Marell encore dans son écubier. A 2 mètres à peine, sa jumelle est elle aussi dans son long cylindre protecteur. Un peu plus loin, un dernier treuil, éclaté, marque la fin de la zone avant du Lesto.

Si les restes de poupe remontent peu du fond, ils sont agréablement intégrés à la roche et joliment colonisés. Ainsi, une rose de mer amoureuse d'un vieux tuyau sera le dernier détail sur lequel je m'attarderai avant de suivre mes compères s'en allant retrouver le mouillage. Puis,  inévitablement, vient malheureusement la fin d’une bien belle plongée !

Le Lesto sur Plongepave

Lesto T1743
Lesto T1748
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Lesto T1755
Lesto T1760
Lesto T1767
Lesto T1770


Lesto T1779
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Lesto T1799
Lesto T1800
Lesto T1808
Lesto T1812
Lesto T1820
Plus de photos dans l'album

Lesto T1760

Commenter cet article

S
Coucou,<br /> ca me fait plaisir de revoir tes aventures sous marine!<br /> bonne soirée
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V
Impressionnant! Tant par le côté historique, que par la masse de ce navire. On doit se sentir tout petit...
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R
les plongeurs donnent une idée de l'impressionnante dimension de la machine. L'hélice paraît immense.
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P
Un très beau reportage<br /> <br /> Bonne journée
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N
je n'ai jamais pratiqué la plongée,cela doit-être impressionnant,beau reportage.
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